Grands dossiers
Législation
Prix plancher de l’essence : un changement aux conséquences durables
Dernière mise à jour
Juin 2025

Grands dossiers
Législation
Dernière mise à jour
Juin 2025
Le 14 avril dernier, le gouvernement du Québec a exprimé son intention d’abolir le prix plancher de l’essence, dans le cadre du projet de loi 69 actuellement à l’étude. Cette annonce fait suite aux recommandations de l’économiste Robert Clark, de l’Université Queen’s, dans une étude portant sur le marché de la vente au détail de l’essence au Québec, rendue publique en avril 2024.
Si cette proposition peut sembler avantageuse à court terme pour les consommateurs, elle soulève de sérieuses préoccupations au sein de l’Association des détaillants en alimentation du Québec (ADA). En effet, l’abolition du prix plancher risque de nuire à la concurrence régionale, d’affaiblir le tissu économique local et d’accroître la concentration du marché entre les mains de quelques grandes multinationales.
Contrairement à la perception souvent véhiculée, ce sont les détaillants indépendants — présents dans toutes les régions du Québec — qui favorisent de meilleurs prix et assurent l’accessibilité des services sur l’ensemble du territoire. Selon Pierre-Olivier Pineau, professeur à HEC Montréal et titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie, cette stratégie pourrait mener à un rétrécissement du marché, réduisant le nombre de joueurs et augmentant la domination des grandes chaînes capables d’utiliser l’essence comme produit d’appel (loss leader).
À terme, près de 1 000 stations-service indépendantes pourraient être mises en péril, incapables de rivaliser avec les grandes enseignes qui disposent de leviers financiers et commerciaux considérables. Une telle situation aurait des conséquences concrètes pour plusieurs communautés, en particulier en région, où la fermeture d’un point de service peut rapidement entraîner la déstructuration du tissu local et accentuer la migration vers les centres urbains.
Les détaillants en alimentation jouent un rôle souvent sous-estimé : dans plusieurs localités, ils représentent le dernier lieu d’accès aux denrées essentielles et à des services de proximité. C’est pourquoi tout changement à leur environnement d’affaires devrait être envisagé en fonction de l’intérêt du citoyen, de la vitalité régionale et de la diversité commerciale.
L’ADA poursuivra ses représentations de manière constructive, afin que la réalité des détaillants soit pleinement prise en compte dans les décisions gouvernementales, tant à Québec qu’à Ottawa.