Concrétiser les occasions ratées
Juillet 2024
Éditorial de Michel Dépatie
Je fais partie des gens qui aiment contrôler leur destinée. Peut-être que c’est dans l’ADN de ’entrepreneur ou encore parce que j’ai la patience plutôt courte, mais en ce qui me concerne, il ne faut pas craindre l’action. C’est d’autant plus vrai quand tous les indicateurs pointent dans le même sens, quand les démonstrations ne sont plus à faire. Que tout ce qu’il manque c’est une dose de courage, la capacité de prendre en charge et de corriger la trajectoire.
Dans le monde politique complexe dans lequel nous gravitons, il est parfois incompréhensible pour l’homme d’action que je suis de devoir attendre que la situation dégénère encore davantage et de subir des décisions sans vision à long terme.
Il y a de ces occasions ratées qui génèrent tellement de frustration, comme marchand, comme président de l’ADA. Vous me voyez venir ? La modernisation de la consigne arrive à toute vitesse dans une demi-année. Depuis des mois, on multiplie les comités avec l’Association québécoise de récupération des contenants de boissons (AQRCB), mais la plupart des questions que vous vous posez demeurent encore sans réponse.
L’AQRCB planifie à haute altitude un beau modèle, mais il faudrait que ce dernier atterrisse sur le terrain
très bientôt. À l’heure où j’écris ce texte, il y a toujours moins de 10 sites Consignaction en activité et il
est impossible de savoir où et quand ouvriront les prochains. En aura-t-on 200 comme promis au 1er mars 2025 ? Quel volume de contenants nos commerces mésadaptés dans des environnements trop exigus devront-ils gérer manuellement ? Je suis en colère.
Ça fait des mois que l’ensemble des détaillants québécois impliqués répètent sans cesse la nécessité
de déployer des options de reprise extérieures. Malgré certains compromis conclus entre les détaillants et l’AQRCB, les kiosques promis sont encore loin d’être en activité. Aurons-nous le temps d’obtenir les autorisations municipales pour les exploiter ?
J’ai moi-même testé une solution automatisée de kiosque situé dans le stationnement de mon magasin
qui limite les besoins de main d’œuvre et de collecte, deux facteurs clés de la performance globale du système. Il s’agit d’une solution complémentaire à celle des deux autres manufacturiers, développée par
une entreprise québécoise nommée GVE Environnement (kiosque Gobi). Pourtant, alors que j’écris ce texte, leur technologie est toujours au banc des punitions de l’AQRCB. Comme si on avait les moyens de se priver de solutions pertinentes et efficaces, comme si le temps d’implantation et l’expérience des usagers étaient des variables secondaires dans l’équation !
Garder le coût de déploiement le plus bas possible semble la seule chose qui compte. En conséquence, des centaines de détaillants risquent de ne pas être en mesure de répondre adéquatement à leurs obligations réglementaires. Chaque délai dans le déploiement, chaque site reporté dans le temps, chaque
équipement nécessaire commandé trop tard sera source de conflits et de frustrations pour les Québécois à qui on promet un réseau efficace.
Il est encore temps de faire confiance aux entrepreneurs que vous êtes sur le terrain. Il suffit de vous confier des scénarios permanents et temporaires viables et d’arrêter de vouloir tout dicter un site à la fois.
Il est urgent d’arrêter de perdre du temps précieux et de réussir cette modernisation dans les meilleurs délais possibles.