Deux budgets dans un contexte plutôt pessimiste

Mai 2023

Depuis le début de l’année, les économistes ne cessent de nous parler de ralentissement économique, d’inflation et du manque de main-d’œuvre. Vous en vivez les effets quotidiennement, pas besoin de vous faire un dessin. À Ottawa, les élus ont même questionné, en commission parlementaire, les présidents des cinq grandes compagnies qui vendent des produits alimentaires (Loblaws, Empire, Metro, Wal-Mart et Costco) sur leur rôle dans la hausse des prix des aliments. Ils ont bien expliqué que c’est l’ensemble de la chaine agroalimentaire qui est impacté par la cascade de hausses des coûts d’opération et d’approvisionnement.

En mars dernier, à une semaine d’intervalle, les gouvernements à Québec et à Ottawa nous ont présenté leurs budgets respectifs. Personne ne s’attendait à des surplus ou à l’enthousiasme de grands projets structurels. Nous espérions des mesures ciblées pour permettre aux entreprises de faire face à leurs défis. Force est de constater que les deux gouvernements préfèrent remettre de l’argent aux contribuables, soit par des baisses d’impôt ou des crédits de TPS (pas vraiment un nouveau remboursement pour l’épicerie), plutôt que de diminuer la pression sur les entreprises malgré une situation économique précaire.  

À Ottawa, la ministre Freeland a annoncé que le ministère des Finances a conclu une entente avec Visa et Mastercard sur les frais de cartes de crédit, mais que les principaux éléments de cette entente seront dévoilés prochainement. Toute diminution est évidemment bienvenue, mais se concrétisera-t-elle enfin pour tous ? J’aimerais bien être optimiste, mais si le passé est garant de l’avenir, il se pourrait bien que la diminution de « 27 % par rapport au taux moyen pondéré actuel » soit le résultat de petits qui paient davantage que la moyenne pour que des grands profitent de meilleurs taux. 

À Québec, l’assouplissement des règles du régime des rentes pour les travailleurs expérimentés et l’engagement additionnel dans les programmes de formations de courte durée (COUD), tels que le programme ATE+ en boucherie de détail, sont deux bonnes nouvelles.

Il faut aussi souligner les efforts du ministre Lamontagne qui a su convaincre ses collègues des vertus de l’accroissement de l’autonomie alimentaire du Québec et de la reconduction du financement de la politique bioalimentaire. Québec souhaitera encore augmenter les investissements et la productivité des entreprises bioalimentaires, une excellente nouvelle, mais est-ce que le secteur du détail alimentaire y aura finalement accès ?

L’ambition électorale de la CAQ a sensiblement fondu sur l’économie locale et les services de proximité en région. Tous se désolent et sont prêts à remuer ciel et terre quand le dernier commerce alimentaire d’un village ou d’un quartier se résigne à fermer, mais on ne prévoit toujours rien en amont pour éviter ou au moins ralentir les fermetures. Il faudra un jour ou l’autre que l’on s’y attarde, car c’est la disponibilité alimentaire qui s’effrite. Ce ne sont ni les prières ni le panier bleu qui vont garantir l’autonomie alimentaire de nos villages.

Ce sont des budgets, pas votre quotidien, et nous reviendrons évidemment à la charge avec vous sur ces nombreux enjeux. Heureusement, l’été s’en vient et pour l’ADA, c’est la belle saison qui commence : un nouveau concours pour nos étudiants bouchers, notre tournoi de golf, notre concours de marchandisage en magasin, la préparation du congrès et surtout, des détaillants-propriétaires qui se démènent pour leur clientèle. Ça reste ça notre meilleure carte de visite.

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