Sacs de plastique : une certaine confusion…

Janvier 2018

Depuis le 1er janvier 2018, la Ville de Montréal a décidé d’interdire les sacs de plastique d’une épaisseur inférieure à 50 microns suite à l’adoption d’un règlement en 2016. À l’époque, une étude avait été demandée à Recyc-Québec pour évaluer l’impact environnemental des différents types de sacs d’emplettes. Après des mois d’attente, l’analyse de cycle de vie (ACV) environnementale et économique a été dévoilée le 12 janvier 2018.

Selon Recyc-Québec, « les résultats de cette étude apportent une assise scientifique, objective et globale, sur laquelle les municipalités envisageant le bannissement du sac en plastique conventionnel peuvent se baser pour prendre une décision éclairée. » Cinq types de sacs à usage unique et quatre types de sacs dits réutilisables ont été évalués. Il en ressort que le sac en plastique conventionnel est celui dont l’empreinte environnementale est la plus faible, à condition qu’il ne soit pas abandonné dans l’environnement. En effet, qu’il soit fabriqué au Québec ou en Ontario, sa production nécessite peu de matières et d’énergie et bénéficie d’un haut taux de réutilisation comme sac à ordures.

Les autres sacs à usage unique ne se démarquent pas favorablement, y compris le sac plus épais (+ de 50 microns) qui devrait être au minimum réutilisé trois à six fois, ou encore le sac en papier qui ne fait pas bonne figure. Quant à eux, les sacs réutilisables ont l’avantage d’être plus grands et plus robustes que les sacs jetables, mais doivent être utilisés au minimum entre 35 et 75 fois pour atteindre les résultats des sacs de plastique conventionnels. Allant à l’encontre des clichés, le sac en coton est une option non recommandée en raison de son impact important sur la santé humaine et sur l’environnement puisqu’il faudrait près de 3000 utilisations pour un bilan comparable au sac de plastique traditionnel!

L’ADA se réjouit du fait que Recyc-Québec diffuse finalement l’ACV, mais celui-ci arrive toutefois un peu tard puisque la Ville de Montréal n’a pas exprimé la volonté de reconsidérer sa décision à la lumière de ces résultats. Rappelons que les détaillants sont engagés depuis dix ans dans la réduction des sacs de plastique. C’est pourquoi dès 2008, nos membres ont adopté les différentes mesures du Code volontaire de bonnes pratiques sur l’utilisation des sacs d’emplettes, ce qui a permis de diminuer le nombre de 52 % en moins de deux ans, au lieu des quatre prévus.

Les détaillants ont jusqu’au 5 juin pour se conformer à la réglementation en vigueur. Après cette date, les inspecteurs municipaux pourront remettre des amendes pouvant atteindre 4000 $. Sur le terrain, les avis sont partagés en fonction des réalités des différentes surfaces. En épicerie, la grande majorité des clients s’est tranquillement adaptée au changement, à part certains clients à la fibre écologiste qui ont critiqué cette initiative qui génère des sacs plus épais et contenant donc plus de plastique. Plusieurs détaillants disent observer une augmentation des ventes de sacs à usages multiples. Dans les dépanneurs, où la plupart des achats sont impulsifs, la grogne est plus présente. Certains grossistes et détaillants de petites surfaces sont toujours à la recherche d’une solution adaptée aux besoins spécifiques de leur clientèle. De son côté, l’ADA poursuit les échanges avec plusieurs groupes de l’industrie pour relever les défis environnementaux qui s’imposent aux détaillants sur le long terme.

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