Prendre un pas de recul pour mieux avancer
Janvier 2025
Éditorial de Pierre-Alexandre Blouin
On se plaint souvent que les politiciens ne sont pas à l’écoute de votre réalité sur le terrain, mais il faut aussi souligner les moments où ils acceptent de prendre un pas de recul pour mieux avancer. Ce n’était pas vraiment une surprise pour vous détaillants : l’échéance du 1er mars pour la dernière phase de la
modernisation de la consigne était en train de devenir un suicide opérationnel à l’échelle du Québec.
Nous tenons donc à saluer la décision du ministre de l’Environnement Benoit Charrette de reporter l’introduction des contenants de boissons en verre et multicouches dans le système de consigne. La vague reste haute pour le reste, mais on espère pouvoir passer à travers. Comme à l’habitude, il y a eu quelques gérants d’estrade pour dénigrer ce report, ces derniers devraient sortir de leur nombril et
commencer à se soucier de la qualité de l’expérience client et de l’efficience du système. Ce système sera jugé sur les 25 prochaines années, pas juste sur les 12 premières heures !
Les dépôts dédiés de Consignaction et kiosques prévus dans les stationnements de centaines de
détaillants aux quatre coins de la province ne sortaient tout simplement pas de terre assez rapidement. Selon les dernières informations disponibles, il y en aura moins de 60 en opération au 1er mars. C’est beaucoup moins que ce qui avait été promis, et c’est aussi et surtout beaucoup moins que ce qui
est nécessaire pour répartir l’important volume de contenants attendus sur le reste du système temporaire d’ici le déploiement complet du réseau permanent. C’est chez vous ça! On doit se relever les manches. Nos efforts dans les prochains mois iront à assurer une transition aussi fluide que possible, mais il ne faut pas se fermer les yeux, ce ne sera pas de tout repos. On attend toujours des détails sur la logistique de reprise et les mesures de mitigation pour éviter des débordements et autres enjeux d’entreposage. Il y a aussi les contenants de lait en plastique, qu’on ne croyait pas inclus dans cette phase. On va avoir besoin du soutien des Québécois pour éviter des enjeux d’odeurs et de vermine dans nos commerces alimentaires. On vous invite à utiliser l’affiche préparée à cet effet (insérée dans cette édition du RADAR). Elle a un côté ludique, en espérant qu’on puisse en rire un peu plutôt qu’en pleurer.
Espérons que l’échec du 1er mars sur le déploiement du réseau de la consigne modernisée servira de leçon. Il faut rapidement déployer tous les sites dédiés puisque, malgré l’apparence du contraire, les nouveaux délais fixés à mars 2027 ne laissent pas beaucoup de marge de manœuvre. Le plan de
déploiement précédent de l’AQRCB menait les dernières ouvertures de dépôts à l’automne 2026. Le ministre a été clair, il n’y aura plus d’autre report.
Un autre enjeu qui aurait besoin d’une petite réflexion : l’idée incompréhensible de modifier la stabilité des heures d’ouverture en abolissant la règle des quatre employés et de gruger dans les fériés. On
commence à peine à sentir un début d’équilibre au niveau de notre main d’œuvre, pourquoi changer quelque chose qui va bien ? Nombreux sont les commerces qui ont privilégié une réduction de leurs heures d’ouverture pour favoriser un meilleur niveau de service dans les heures d’affluence. Nos employés en sont heureux.
Les responsables de la Loi sur les heures d’ouverture se sont toujours assurés de maintenir un équilibre entre les intérêts des grandes et des plus petites surfaces, mais il semble qu’actuellement, le pendule penche vers les géants. Peut-être sans s’en rendre compte, on est en train de cautionner une future guerre des heures d’ouverture, où évidemment, ce seront les PME d’ici qui perdront. C’est vrai que ce serait de l’allègement, mais pas dans le sens souhaité.
Encore une fois, un petit pas de recul, c’est parfois la meilleure façon d’avancer.