Le salaire minimum est passé à 12 $ / heure
Janvier 2018
Le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, a annoncé par voie de communiqué une hausse de 75 sous du salaire minimum pour atteindre les 12 $/h à partir de 1er mai 2018. Le gouvernement avait préalablement mentionné une hausse de 50 sous. C’est donc 25 sous supplémentaires qui accentuent la pression sur les propriétaires de notre secteur. Selon la ministre du Travail, Dominique Vien, « cette hausse viendrait améliorer la qualité de vie des travailleurs à faible revenu en plus de favoriser l’incitation au travail, d’augmenter le revenu net disponible et de contribuer à réduire l’incidence de la pauvreté, sans nuire à l’emploi et à la compétitivité de nos entreprises ».
Le gouvernement justifie ce revirement par le fait que le plan quadriennal dévoilé l’an passé prévoyait un ratio équivalant à 50 % du salaire horaire moyen. Or, la vigueur de l’économie québécoise a fait passer le salaire horaire moyen de 23,75 $ à 24,25 $ /h, nécessitant un ajustement conséquent. Le gouvernement du Québec estime que cette augmentation profitera à plus de 350 000 employés, majoritairement des femmes, qui devraient voir leur pouvoir d’achat accroître de 4,83 %. Le Québec devient ainsi la 3e province au Canada au salaire minimum le plus élevé, après l’Alberta et l’Ontario.
Persuadée que les hausses du salaire minimum ne sont pas la solution, l’ADA implore le gouvernement à intensifier sa recherche d’alternatives pour lutter contre la pauvreté.
L’ADA accueille cette nouvelle avec froideur puisque le secteur de l’alimentation est particulièrement touché par cet enjeu. Malgré la bonne tenue de l’économie québécoise, une augmentation de 6,67 % est loin d’être marginale pour les propriétaires des commerces d’alimentation, qui sont tous des petites et moyennes entreprises (PME) dont les coûts d’exploitation sont déjà élevés avec le taux de rentabilité le plus faible, toutes industries confondues. Par ailleurs, cette hausse doit être analysée à la lumière de la pénurie de main-d’oeuvre déjà existante ainsi qu’à l’augmentation des taxes municipales et des denrées alimentaires. Bien des entreprises n’auront pas planifié cette augmentation plus forte que prévue, annoncée à quelques mois d’une échéance électorale. Dans son dernier budget, le gouvernement a annoncé des mesures d’allègement fiscal pour les PME, destinées à atténuer les effets de l’augmentation du salaire minimum.
C’est une bonne nouvelle, mais il reste à évaluer l’impact réel sur les entreprises. L’augmentation du salaire minimum a une forte incidence sur l’équité et les conditions de travail entre les employés puisque certains peuvent considérer comme injuste le fait de ne pas voir leur salaire augmenter, dans la même proportion que leurs collègues moins expérimentés. Il en va de la rétention, la fidélité et la motivation de la main-d’oeuvre dans les entreprises concernées. Les membres de l’ADA sont sensibles à la nécessité de sortir une catégorie de travailleurs de la pauvreté et il est vrai que le salaire minimum n’est pas suffisant pour vivre convenablement. Toutefois, le gouvernement aurait avantage à explorer les possibilités offertes par la fiscalité tout en gardant en mémoire que la rentabilité des petites et moyennes entreprises est indispensable pour engager des gens et pour faire tourner l’économie.