Portrait de détaillant : Bocaux & Co
Janvier 2025
BOCAUX & CO : UNE HISTOIRE DE BESOIN PERSONNEL ET D’ENGAGEMENT COMMUNAUTAIRE
Caroline Lachance, propriétaire de Bocaux & Co, n’a pas toujours rêvé de devenir entrepreneure. Pourtant,
en mai 2021, en pleine pandémie, elle ouvre les portes de son épicerie zéro déchet à Sainte-Marthe-sur-le-Lac. Ce projet répond à un besoin personnel tout en offrant une solution pratique à la communauté locale. Son parcours témoigne d’un désir sincère de rendre le mode de vie écoresponsable accessible et attrayant pour tous un petit geste à la fois.
DE CONSOMMATRICE À ENTREPRENEURE
Avant de créer Bocaux & Co, Caroline fréquentait déjà des épiceries zéro déchet, mais devait parcourir de
longues distances pour trouver les produits qu’elle recherchait. « Je voyais bien que je n’étais pas la
seule à ressentir ce besoin », raconte-t-elle. C’est cet inconvénient qui a fait naître l’idée d’ouvrir une
boutique près de chez elle : « Pour que ces habitudes deviennent durables, il fallait que ce soit pratique et
accessible. »
La pandémie de COVID-19 a été un catalyseur dans son parcours entrepreneurial. Après une carrière
internationale en ressources humaines, Caroline ressent le besoin de se reconnecter à sa communauté
et de s’investir localement. Malgré une certaine hésitation à se lancer en affaires, elle décide de faire
le saut, soutenue par son conjoint et sa famille. Après plusieurs mois de préparation entamés en octobre
2020, Bocaux & Co ouvre ses portes en mai 2021.
CRITÈRES DE CHOIX DES PRODUITS ET IMPORTANCE DE L’ACCOMPAGNEMENT CLIENT
La collaboration avec des producteurs locaux des Laurentides est au cœur de la mission de Bocaux & Co. Le « Co » de son entreprise désigne en effet la collaboration ; il souligne l’importance de travailler en équipe avec des partenaires qui partagent sa vision écoresponsable. Caroline privilégie les producteurs
qui ont des compétences et des connaissances spécifiques, ce qui enrichit l’offre de son épicerie. En travaillant avec des fermes locales, comme celle de La Roquette, elle crée un lien direct entre les consommateurs et les producteurs, favorisant des échanges authentiques et des discussions sur les
réalités de l’agriculture. Cette approche renforce non seulement la communauté, mais permet également
d’instaurer des pratiques durables.
Ainsi, son engagement envers les producteurs des Laurentides va au-delà de l’approvisionnement ; il crée
un réseau solide et innovant qui profite à tous, tout en réduisant l’empreinte écologique de sa boutique.
Caroline accorde une grande importance à la proximité et au contact direct avec ses clients. Pour elle, il est essentiel d’être présente sur place afin de guider les consommateurs dans l’utilisation des systèmes en vrac. De cette façon, elle voulait éviter que les clients se sentent intimidés et abandonnent la pratique. Ayant étudié des initiatives de vrac qui ont échoué, Caroline a compris que l’accompagnement des clients était souvent négligé. Pour cette raison, elle mise sur un personnel attentif, même si cela augmente les frais d’exploitation.
ADAPTATION AUX BESOINS DES CLIENTS
Pour Caroline, l’adoption du vrac doit être agréable et simple. Elle conseille aux clients de commencer
par quelques produits essentiels comme le savon à lessive, qui offre une solution naturelle et compétitive.
D’autres produits, comme le miel, le granola ou les épices, sont souvent moins chers en vrac. L’essentiel
est de choisir des produits adaptés à ses besoins.
L’épicerie a su évoluer grâce aux commentaires de sa clientèle. Par exemple, le système de consigne initial
pour les contenants n’a pas eu le succès escompté, car les clients oubliaient souvent de rapporter les
bocaux. Bocaux & Co a donc commencé à accepter des contenants en verre déposés par la communauté,
renforçant ainsi son approche circulaire. Parmi les produits phares, le fromage en grains, souvent acheté
sur un coup de tête, a permis de limiter l’utilisation d’emballages jetables grâce à des contenants
réutilisables sur place.
D’ailleurs le fameux fromage en grains de Lait Charbonneau et les chips artisanales d’Écorces du
Diable, proposés en vrac, sont particulièrement populaires. « Certains client appellent ces chips les chips à Max. Max est mon voisin et c’est lui qui a fait la promotion des dites croustilles auprès de ses amis, ce qui montrent à quel point ces produits sont appréciés », raconte Caroline. Ces petites attentions créent un lien fort entre le vrac et le plaisir gourmand, déconstruisant l’idée que l’alimentation sans emballage est forcément santé et plate.
LE FUTUR DU COMMERCE ZÉRO DÉCHET AU QUBEC
Malgré la fermeture d’une trentaine de commerces zéro déchet dans les dernières années, Caroline
reste optimiste. Elle observe que ses clients préfèrent l’expérience en magasin aux achats en ligne, en raison des échanges enrichissants avec le personnel.
Également, Caroline souligne que les commerces de proximité comme le sien offrent un service personnalisé unique puisque la gestion du vrac demande une organisation et un espace que les
grandes surfaces ont du mal à offrir.
À terme, Caroline envisage d’ouvrir d’autres boutiques lorsque les conditions économiques seront
favorables. Elle veut continuer à offrir des solutions écoresponsables tout en soutenant les producteurs
locaux. Bocaux & Co collabore déjà avec d’autres épiciers, comme La Station Vrac à Rosemère et Aux
Petits Bocaux à Montréal, afin de réduire les coûts et l’empreinte écologique grâce à une logistique
partagée.
Bocaux & Co incarne une approche innovante et humaine du commerce zéro déchet. Caroline
Lachance prouve qu’il est possible de concilier écoresponsabilité et rentabilité, tout en créant un
impact positif et durable dans sa communauté.