La chasse aux sacs de plastique : une « obsession commode »
Avril 2016
Bien qu’on aurait pu l’écrire, le titre de cet article est emprunté d’une chronique récente de François Cardinal dans La Presse du 23 février dernier. Il traduit exactement ce qui est en train de se passer, c’est-à-dire que plusieurs villes tentent de se donner bonne conscience de façon expéditive et à peu de frais, en s’attaquant aux symboles que sont les sacs de plastique légers.
Rappelons qu’après quelques auditions et aucune analyse des flux de plastique sur leur territoire, les villes de Montréal (effectif le 1er janvier 2018) et de Brossard (effectif en septembre 2016) ont décidé unilatéralement que les sacs de plastique légers seraient bannis. Le maire Coderre a même rajouté à sa politique verte superficielle et improvisée que les bouteilles d’eau pourraient également subir le même sort. D’autres villes vont certainement poser des gestes similaires prochainement.
Conscients de l’importance de réduire leur empreinte environnementale, les détaillants en alimentation ont posé plusieurs gestes afin de diminuer leur utilisation par les consommateurs (tarification, offre de sacs réutilisables, autocollants sur gros items, etc.). Résultat : entre 2007 et 2010, l’utilisation des sacs de plastique a diminué de 61 % dans le secteur du détail alimentaire.
De plus, contrairement à ce qui est véhiculé, les sacs de plastique légers ne sont pas à usage unique. En 2015, 93 % des sacs sont réutilisés (sac à déchet, sac à lunch, etc.) ou recyclés. À preuve, ils ne représentent que 0,27 % des déchets. Le fait que les consommateurs soient nombreux à les réutiliser explique sûrement pourquoi les Montréalais sont si nombreux à être opposés au bannissement annoncé par le maire Coderre. En effet, selon un sondage CROP réalisé pour l’ACIP, les 2/3 des citoyens de Montréal sont en désaccord avec la décision de la Ville.
À l’ADA, nous sommes persuadés que les autorités publiques devraient plutôt miser sur des campagnes de sensibilisation afin d’inciter les commerçants et les consommateurs à poser le bon geste, c’est-à-dire privilégier la réduction à la source et, au besoin, utiliser des sacs recyclés et recyclables.
Nous sommes persuadés que les villes ont bien d’autres dossiers beaucoup plus prioritaires que le bannissement des sacs de plastique légers afin d’atteindre les objectifs de la politique de gestion des matières résiduelles. À ce sujet et en terminant, citons un extrait de la chronique de M. Cardinal de février dernier dont nous avons fait mention en introduction :
« La Ville dit faire un « geste fort » en s’attaquant à « la prolifération » des sacs d’emplettes en plastique léger parce qu’ « ils ont des impacts importants au niveau de l’enfouissement ». Ah bon. Voulez-vous que je vous dise ce qui a vraiment « des impacts importants » sur les lieux d’enfouissement ? Ce ne sont certainement pas les sacs de plastique légers, inertes, dont on a réduit le nombre de moitié ces dernières années. Le véritable fléau en termes de matières résiduelles, c’est celui qu’on vide tous les jours dans la poubelle à la maison. C’est la pelure de banane, l’os de poulet, les restes du souper qui constituent près de 60 % des déchets domestiques. On en génère des tonnes chaque année, de déchets organiques. Et on enfouit presque tout, récupérant moins du quart de ce qu’on jette. »