Fraude alimentaire : un nouveau fléau?
Septembre 2017
La fraude alimentaire a fait les manchettes au cours de l’été. Tout d’abord, on apprenait que l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) avait reçu 53 plaintes au cours des 5 premiers mois de l’année contre une quarantaine annuellement. Selon le doyen de l’Université Dalhousie (Nouvelle-Écosse), Sylvain Charlebois, les Canadiens et particulièrement les Québécois (84 %) sont de plus en plus préoccupés par cet enjeu.
Au début du mois d’août, une étude de l’Université de Guelph (Ontario) dévoilait qu’une saucisse sur cinq (sur un échantillon de 100 saucisses) contenait des viandes qui n’étaient pas indiquées sur l’emballage, ce qui représentait entre 1 et 5 % du contenu des saucisses testées. Selon l’ACIA, cette étude est à relativiser, car le taux d’erreur de 20 % des étiquettes est peu élevé en comparaison avec l’Europe, où des études ont montré que 70 % des échantillons contenaient des ingrédients non déclarés.
Assiste-t-on réellement à une recrudescence des cas de fraude alimentaire?
Le 12 septembre, le journal Les Affaires organisait une journée de conférences sur le sujet. Lors d’une présentation, le Dr Charlebois a dévoilé les résultats d’une étude démontrant que les consommateurs n’avaient pas confiance dans les produits alimentaires à raison de 57 % et de 73 % pour les produits provenant de l’étranger. Il a terminé sa conférence en affirmant que la fraude alimentaire constituait un fléau pour l’industrie puisqu’une compagnie pouvait semer le doute sur l’ensemble de la filière. Il a rappelé l’importance de faire preuve de transparence à tous les niveaux, une demande qui s’impose de plus en plus chez les consommateurs.
Pour sa part, l’ADA a été conviée à participer à un panel également composé de représentants de l’UPA, du CTAQ, d’Aliments du Québec et de la Table de concertation bioalimentaire de Montréal. Selon eux, il n’existe pas de définition consensuelle de la fraude alimentaire, à l’exception de l’élément d’intention de tromper autrui. À titre d’exemple, Aliments du Québec recense annuellement une dizaine de cas de fraude sur les 20 000 produits certifiés, soit 0,0005 %!
Ce que les consommateurs peuvent parfois considérer à tort comme de la fraude alimentaire peut être un mauvais étiquetage, une incompréhension des informations données sur l’emballage ou l’étiquette, ou tout simplement un sentiment d’avoir été trompés sur la marchandise, car le produit ne correspondait pas aux attentes. Il faut souligner que les cas réels de fraude font l’objet d’enquêtes minutieuses et les amendes sont salées pour les entreprises incriminées. Les panélistes ont cependant déclaré qu’il était nécessaire de mieux informer et de mieux communiquer, mais aussi de simplifier les messages adressés aux consommateurs, qui bien souvent ne s’y retrouvent pas dans la complexité de la filière agroalimentaire.
La journée de conférences s’est poursuivie avec une présentation d’un avocat spécialisé dans ce domaine, ainsi que d’une conférence de la directrice exécutive et chef adjointe de la salubrité des aliments à l’ACIA où elle a rappelé l’importance de travailler ensemble pour lutter contre la fraude ou la suspicion de fraude alimentaire. En après-midi, les conférences étaient consacrées à l’analyse technique et à la présentation d’outils technologiques existants pour se prémunir contre la fraude.