Où s’en va la SAQ ?
Juin 2014
Dans le cadre d’un projet pilote, la SAQ entend implanter des succursales SAQ Express de 1 500 pi2 au coeur de quelques grandes surfaces (pour le moment) alimentaire. Les commerces seront opérés par un directeur et des employés de la SAQ comme pour toutes les autres succursales de la Société d’État. Comme le mentionne notre PDG dans son éditorial du RADAR de juin-juillet-août 2014, ce projet pilote soulève plusieurs questions.
Dans certains des projets, 75 SKU que l’on retrouve habituellement dans le secteur alimentation (Constellation, Kruger, Geloso, etc.) seront intégrés à même l’offre de cette succursale SAQ regroupant autour de 450 SKU. Ces produits seront cependant vendus aux prix de la SAQ, ce qui veut dire que pour les mêmes items, le détaillant devra revoir ses prix à la baisse afin de suivre ceux de la SAQ. Ses propres ventes de vin devraient diminuer, on le rappelle à une marge bénéficiaire moindre. Nous ne disposons pas de tous les détails du projet, puisqu’ils sont apparemment sujets à des ententes confidentielles entre les parties prenantes. Les détaillants participants seront-ils rémunérés selon un pourcentage des ventes ou simplement en fonction d’un loyer pour les pieds carrés occupés?
La SAQ semble vouloir profiter de l’achalandage de certains points de vente alimentaires, plus réguliers que pour une succursale de la SAQ, sans remettre en question ces modes d’opérations. Ce faisant, les coûts d’immobilisations du monopole seront réduits, mais nous craignons que la société d’État s’ingère davantage dans le marché en devenant un facteur direct d’achalandage favorisant un commerce plutôt que son concurrent. En avril dernier, la LCBO (équivalent ontarien de la SAQ) annonçait vouloir effectuer une expansion semblable, mais rappelons que dans cette province aucun alcool ne peut être vendu dans le réseau alimentaire. Le vin et les alcools se retrouvent dans le monopole d’État de la LCBO et la bière dans celui du réseau Beer Store contrôlé par Molson-Coors, Labatt et Sleeman.
Ce n’est pas comme s’il manquait des points de vente d’alcool au Québec, il y a plus de 8000 détenteurs de permis d’alcool catégorie épicerie (dépanneurs, épicerie, supermarchés). La SAQ a un bon diagnostic, il y longtemps que l’A.D.A. revendique qu’en améliorant l’offre de produits dans le réseau alimentation, la SAQ pourrait augmenter sensiblement ses ventes. Par contre, pourquoi promouvoir un modèle discriminatoire pour la très grande majorité des détenteurs de permis? Ces derniers permettent pourtant à la SAQ et à l’État québécois d’engranger des millions en taxes et majoration par leurs ventes de vins, cidres, coolers et bières?