PL 88 : Retour sur notre passage en commission
Mars 2016
L’affichage des cépages et millésimes bientôt permis?
S’il n’en tenait qu’aux intervenants entendus lors des consultations sur le projet de loi 88 – Loi sur le développement de l’industrie des boissons alcooliques artisanales – l’affichage des cépages et millésimes serait permis en épicerie. En effet, cette règle désuète datant de 1978 n’a plus sa place en 2016 et l’ADA, comme plusieurs autres intervenants, n’a pas manqué de le rappeler aux élus. Il s’agit d’une requête de longue date de l’ADA et plus que jamais, le vent semble être de notre côté, le ministre Leitao nous disant textuellement lors de la consultation : « sur ce point nous sommes sur la même longueur d’onde!»
C’est avec une pointe d’ironie que nous avons fait remarquer aux élus que les produits alcooliques sont les seuls items à être vendus dans nos commerces dont la liste des ingrédients n’est pas disponible. La mise en marché des produits alcooliques artisanaux du Québec ne peut être efficiente que si les producteurs peuvent mettre de l’avant les particularités de leurs produits. C’est aussi le cas pour les industriels du vin (viniculteurs négociants déjà présents dans le réseau CAD), soucieux d’améliorer la perception de qualité de leurs produits, qui souhaitent pouvoir identifier leurs assemblages ou, encore, mettre de l’avant des vins monocépages en épicerie.
La vente directe est le meilleur véhicule!
Notre passage en commission parlementaire a aussi permis de corriger quelques affirmations douteuses exprimées précédemment durant la consultation au sujet de la vente directe. Nous avons donc expliqué les implications derrière ce modèle et démontré les nombreux avantages qu’il peut offrir à de petits producteurs (capacité de se développer graduellement, possibilité de développer une relation privilégiée entre fournisseur et détaillant, diminution du nombre d’intermédiaires et meilleur contrôle sur son produit, etc.). À ce stade-ci de leur développement, l’objectif des producteurs n’est pas tant d’être disponibles partout, comme de se retrouver là où les conditions sont les meilleures, là où les partenariats sont les plus intéressants.
Une démarche qualité et non quantité.
Nous avons rappelé aux élus que, contrairement aux épouvantails agités dans les médias récemment, le projet de loi 88 n’allait pas entraîner une hausse des cas de consommation abusive d’alcool ou, si vous préférez, de binge drinking. Rappelons que notre réseau vend déjà de l’alcool dont les coûts de production sont moindres que ceux des artisans qui se voient offrir l’accès à notre réseau via le projet de loi 88. Nulle part dans ce projet de loi, on ne permet à n’importe qui de vendre n’importe quoi.
Au contraire, il balise plusieurs pratiques réclamées depuis longtemps, tant par l’industrie que par les consommateurs. Seuls les détenteurs de permis de vente d’alcool en règle pourront vendre des produits artisanaux en vente directe. Comme pour les autres produits de notre terroir, les produits alcooliques artisanaux du Québec se distinguent par leurs propriétés intrinsèques. Pour les détaillants, il s’agit d’une belle occasion de diversifier leur offre et d’améliorer la perception de l’ensemble de la catégorie « alcool ».
L’importance des prix minimums.
En réponse aux questions des élus, nous avons insisté sur l’importance d’établir et de faire respecter les prix minimums. Nous leurs avons rappelé qu’il y a des prix minimums sur la bière et sur les vins déjà vendus tant en épicerie qu’en restauration. Nous ne voyons pas pourquoi les produits alcooliques artisanaux feraient exception. Néanmoins, il faut être drôlement déconnecté pour penser qu’un producteur de vin artisanal, qui cultive des vignes dans le climat pour le moins rigoureux du Québec, serait tenter de brader son dur labeur à des prix inférieurs à ceux d’importateurs embouteilleurs industriels.