Nos priorités pour le prochain gouvernement du Québec

Décembre 2022

Éditorial Pierre-Alexandre Blouin, Président-directeur général de l’ADA

Alors que j’écris ces lignes, la campagne est vieille de quelques jours à peine et les promesses abondent. On ne se fait pas d’idées, le commerce alimentaire ne sera pas au cœur de la campagne, hormis peut-être l’inflation alimentaire qui préoccupe tant les consommateurs que l’industrie. Malgré ce que semblent croire certains, les solutions sont loin d’être simples. On n’irait quand même pas jusqu’à souhaiter une forte récession. Les candidats seront intensément sur le terrain dans les comtés qu’ils aspirent à représenter, à la rencontre de citoyens, d’organismes et d’entrepreneurs impliqués comme nos membres.

L’ADA a réalisé un document succinct expliquant cinq propositions qui ont été acheminées aux cinq principaux partis. Ces propositions sont un mélange d’enjeux émergents et d’autres qui traînent ou nécessitent un peu plus d’attention lors de la prochaine législature. Nous espérons qu’elles influenceront les politiques du prochain gouvernement ou à tout le moins s’imposeront dans l’argumentaire des partis d’opposition en matière de main-d’œuvre, d’économie, de technologie et d’environnement.

Nous savons nos membres lassés par la redondance de certains dossiers, mais quand même toujours disposés à se battre notamment pour des frais de paiement raisonnables et équitables. C’est plus facile d’y croire quand on a des exemples de juridictions qui ont depuis longtemps limité les mêmes abus et qu’il ne manque qu’un peu de volonté du gouvernement fédéral pour remplir ses promesses.

Sur d’autres enjeux, on semble malheureusement s’apprêter à traverser un vaste désert. La pénurie de main-d’œuvre en est un, qu’on accepte le terme ou qu’on préfère parler de rareté n’y change rien, le résultat est brutal et on a besoin de vision et de leadership plutôt que de rhétorique aux deux paliers supérieurs. D’autant plus qu’en voulant pourvoir les postes vacants dans la fonction publique ou en créant des programmes priorisant certaines industries, le fédéral et le provincial contribuent souvent à amplifier la pénurie dans notre secteur des services non moins essentiels pour la population.

Le propriétaire d’une épicerie de taille moyenne m’expliquait récemment qu’il y a un an à peine, il employait plus 45 salariés. Au printemps, il n’en avait plus que 38, dans son commerce qui n’a pas rapetissé. Au milieu de l’été, il est tombé à 22, alors qu’il avait pourtant bonifié ses salaires et réduit ses heures d’ouverture en soirée. Ce matin, il n’en dénombre plus que 19 et à partir de la fin de la semaine qui vient il n’a plus AUCUN employé ni gérant dans son département des fruits et légumes. Il ne s’agit malheureusement pas d’une histoire isolée, de nombreux restaurants ferment actuellement leurs portes aux quatre coins de la province pas parce qu’il n’y a pas de demande, mais parce qu’ils ne peuvent plus y répondre.

Des propriétaires d’épiceries vont-ils lancer l’éponge ? Des villages ou quartiers verront-ils leur dernier commerce alimentaire fermer boutique ? J’aime mieux ne pas me risquer à répondre à ces questions qui en fait, n’en sont pas vraiment. Je préfère interpeler le prochain gouvernement du Québec sur l’urgence de développer des conditions financières avantageuses pour nos employés expérimentés, de former à nos métiers des travailleurs qui ont besoin de requalification et d’inculquer l’accent québécois à plus de nouveaux arrivants au sein de nos équipes.

Notre organisation et nos membres sont disponibles n’importe quand pour travailler avec vous, futurs élus, et ce, malgré la situation critique dans nos différents départements.

Pierre-Alexandre Blouin

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