Portrait de détaillante: Séléna Baril

Mai 2022

L’ALIMENTATION COMME POINT D’ANCRAGE

Fille de détaillant, Séléna Baril dit souvent être née entre deux cannes de bines. Dans la famille Baril, le commerce de détail alimentaire remonte au grandpère de Séléna, qui était propriétaire d’une petite épicerie de village. Ensuite, depuis l’âge de 20 ans, son père, Claude Baril, a toujours possédé des magasins. Ses deux oncles possédaient également des épiceries.

Dans son enfance, elle allait donner un petit coup de main au magasin l’été. C’est à 13 ans qu’elle a officiellement commencé à travailler au magasin de son père à Saint-Tite. « C’était la première année où on pouvait commencer à ouvrir les dimanches », se souvient-elle. Comme bonne fille d’épicier, elle a commencé comme commis avant de prendre de l’expérience dans tous les départements du magasin. Après avoir travaillé les soirs et les fins de semaine lors de ses études secondaires, Séléna quitte la Mauricie afin de poursuivre ses études collégiales à Matane en tourisme.

Une fois ses études complétées, elle a travaillé quelque temps dans le domaine touristique, mais s’est rendu compte que ce n’était pas tout à fait ce qu’elle voulait faire. Ne sachant pas quelle était la prochaine étape, elle retourne pendant un an au magasin de Saint-Tite à titre de cheffe caissière.

Elle quittera de nouveau la Mauricie afin d’aller poursuivre ses études universitaires à l’UQAM dans le cadre d’un baccalauréat en administration hôtellerie. Pendant son parcours de quatre ans à l’université, Séléna a travaillé dans l’hôtellerie avant d’obtenir un emploi au Ritz-Carlton comme directrice adjointe de la réception.

L’année suivante, Claude Baril achète le magasin de Shawinigan. C’était une opportunité pour Séléna de revenir au sein de l’entreprise familiale. « C’était important pour moi d’aller prendre de l’expérience ailleurs aussi, affirme-t-elle. Toute l’expérience que je suis allée chercher en gestion dans d’autres domaines avec différents patrons [m’a aidée]. » L’ouverture de ce nouveau commerce était une chance de démarrer cette aventure avec une nouvelle équipe.

VERS UN TRANSFERT D’ENTREPRISE

Lors de sa première année au IGA Baril de Shawinigan, Séléna était en charge seulement des ressources humaines. « Comme c’était une nouvelle entreprise, il fallait tout mettre en place », explique-t-elle. Elle était là pour appuyer et aider cette nouvelle équipe et non pour les gérer, ce qui a facilité son intégration.

Graduellement, Séléna a pris de plus en plus de place et de responsabilités au sein de l’entreprise. Ils ont amorcé le processus de relève sur une dizaine d’années, avant que celle-ci rachète officiellement le commerce de son père en 2020, juste avant le déclenchement de la pandémie de COVID-19.

Toutefois, le processus de transfert d’entreprise devait avoir lieu deux années plus tôt. « On avait un plan vraiment bien fait avec des dates. On avait monté quelqu’un dans l’entreprise dans le bureau pour venir m’appuyer comme directeur, explique-t-elle. Tout le plan de match était en place, [mais] malheureusement cette personne est décédée. » [Voir encadré ci-bas]

Sous le choc par ce départ soudain, ce fut une dure épreuve à traverser pour l’équipe et la famille Baril. Il faudra un an avant que les démarches pour former une nouvelle personne reprennent, permettant à l’équipe de faire son deuil. Pendant cette épreuve, Claude Baril est revenu dans l’entreprise afin d’aider sa fille à faire face à cette épreuve et à remettre un plan en place.

L’EXPERTISE DES RESSOURCES HUMAINES

Que ce soit lors de son passage dans l’industrie du tourisme, de l’hôtellerie ou à différents niveaux au sein du commerce d’alimentation, Séléna Baril a toujours aimé travailler dans le service à la clientèle. « Avec les années à gérer des conventions collectives [en hôtellerie], en gérant des équipes de travail, j’en suis venue à vraiment aimer les ressources humaines, affirme-telle. C’est vraiment mon dada.»

Lors de son entrée en poste au IGA de Shawinigan, c’était pile dans son champ d’expertise. Encore aujourd’hui, les ressources humaines sont toujours son cheval de bataille. « J’ai essayé d’embaucher des gens pour déléguer les ressources humaines pour m’occuper plus des opérations, mais il a fallu que je me rende à l’évidence que c’était moi qui devais m’en occuper », explique Séléna. Selon elle, c’est ce qui donne la couleur à son entreprise.

Afin d’obtenir de l’aide et de pouvoir consacrer plus de temps sur les ressources humaines, en plus de l’administration et les projets, elle a engagé des gens pour s’occuper des opérations.

LA COVID-19 POUR VALORISER LE MÉTIER D’ÉPICIER ?

Depuis deux ans, la perception des gens à propos de leur marchand a changé. Alors que les emplois de commis, de caissières et d’emballeurs ne sont pas souvent mis de l’avant, ceux-ci ont été qualifiés de héros au sein de la population, en continuant de travailler dans les moments incertains afin de continuer de nourrir les Québécois.

De plus, avec la pénurie de main d’œuvre, il est important de valoriser les différents types d’emplois. « Souvent, des tâches comme vider les poubelles c’est plate et c’est dont bien pas important vider les poubelles. Par contre, les gens ne se rendent pas compte comment c’est important ces tâches-là », raconte Séléna. Elle poursuit en expliquant l’importance de valoriser ces métiers, car si personne ne les fait, les tâches anodines ne seront pas faites et les commerces seront tous bordéliques.

Lorsque l’on revient à la base, les employés des commerces d’alimentation permettent à la population de se nourrir. Parfois le sourire de la caissière va changer la journée d’un client ou la visite à l’épicerie peut être la seule sortie sociale d’une personne âgée. Selon Séléna, même s’il reste du travail à faire, la pandémie aura au moins mis la lumière sur ce qu’est le métier d’épicier.


27 NOVEMBRE 2018

Rénald Dupont, directeur au IGA de Shawinigan, et sa conjointe, Linda Déziel, sont décédés à la suite d’une intoxication accidentelle au monoxyde de carbone le 27 novembre 2018. Privés d’électricité pendant une tempête, une génératrice était en marche dans le garage du couple lors de l’événement. Bien connus et appréciés dans la région, ils ont laissé de nombreux proches, collègues et amis dans le deuil.


11 de 17