Bannissement des sacs de plastique : un pas en avant ou en arrière?

Novembre 2016

Deux mois après l’entrée en vigueur du bannissement des sacs de plastique à Brossard, La Presse s’est entretenue avec 38 commerçants du secteur afin de voir les solutions mises de l’avant. Comme nous l’avions soulevé lors des audiences organisées par la Ville de Montréal, les résultats du coup de sonde de La Presse démontrent que beaucoup de commerçants ont opté pour une alternative dont l’empreinte environnementale est potentiellement plus grande que les sacs de plastique légers utilisés en épicerie. Si tel est le cas, est-ce un pas en avant ou en arrière?

Sur la totalité des commerçants sondés, 45 % ne donnent plus de sacs, 37 % donnent des sacs en papier et 11 % donnent des sacs en plastique aux allures de tissu. Ils sont également 3 % à vendre des sacs en papier, 8 % à vendre des sacs en plastique épais et un autre 8 % à vendre des sacs en plastique aux allures de tissu. Notez que le total ne donne pas 100 % puisque certains détaillants entrent dans plus d’une catégorie. Or, d’un point de vue environnemental, il est loin d’être certain que les nouveaux comportements des commerçants sont meilleurs, en fait ils sont potentiellement pires.

Répondant à l’appel du maire de Montréal (Denis Coderre), les élus de quelques municipalités québécoises se sont empressés de bannir les sacs de plastique légers de leur territoire. Toutefois, les municipalités auraient dû attendre de prendre connaissance des conclusions de l’analyse de cycle de vie des sacs d’emplettes commandée par Recyc-Québec avant d’adopter une telle résolution. D’ailleurs, les conclusions devraient être rendues publiques sous peu.

Cela aurait permis aux municipalités de mieux informer les commerçants sur les meilleures alternatives à mettre en place afin d’atteindre leur objectif, c’est-à-dire améliorer leur bilan environnemental. Or, rien de cela n’a été fait et, dans l’emportement, plusieurs commerçants ont modifié leur pratique, afin d’éviter de payer l’amende oscillant entre 2000 $ et 4000 $, sans pour autant diminuer leur empreinte environnementale.

À l’ADA, nous espérons que les autres villes souhaitant adopter une mesure en ce sens attendent la publication des résultats d’une analyse de cycle de vie commandée par Recyc-Québec. Comme le disait le maire de Vaudreuil, alors que la ville a refusé de bannir les sacs de plastique et qu’elle a plutôt opté en faveur d’une tarification incitative : « on ne peut pas être contre la vertu, mais nous voulons mettre nos efforts là où nous aurons le plus de résultats et surtout là où les résultats sont garantis ».

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