Retour sur le bannissement des sacs de plastique

Décembre 2015

La Commission sur l’eau, l’environnement, le développement durable et les grands parcs de Montréal a recommandé de bannir notamment les sacs de plastique dont l’épaisseur est inférieure à 50 microns. Peu après, les 82 municipalités siégeant à la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) ont adopté une résolution qui propose le bannissement intégral de tous les sacs de plastique. Véritable mesure environnementale ou green washing municipal? La question se pose.

Les consommateurs font déjà un usage judicieux de leurs sacs d’emplettes. La majorité en demande lorsque requis et les réutilisent plus d’une fois, ce qui en améliore grandement leur empreinte environnementale. Si l’objectif des villes est de réduire l’empreinte environnementale des sacs de plastique, pourquoi bannir les sacs plus minces et permettre la mise en marché de sacs dont l’épaisseur est supérieure à 50 microns (p. ex. Sport Expert et Simons)? À terme, les consommateurs utiliseront peut-être moins d’unités, mais risquent de générer plus de plastique résiduel. Un encadrement de la composition de ceux-ci permettant de s’assurer qu’ils soient composés de matières recyclées et recyclables aurait été beaucoup plus judicieux.

Une exemption est prévue pour les sacs de plastique utilisés à des fins d’hygiène comme pour la viande, le poisson, les fruits et légumes, etc.

Un autre élément déplorable est que l’annonce du bannissement des sacs de plastique survient alors qu’aucune étude analysant le comportement des consommateurs n’a été réalisée. En effet, la CMM s’appuie sur les données de 2007, soit avant l’introduction du code de bonnes pratiques en matière de sacs d’emplettes à usage unique qui a permis d’en diminuer le nombre mis en marché de moitié et plus de 61 % dans le secteur alimentaire. C’est déplorable puisqu’une telle analyse aurait sûrement confirmé ce que nos membres constatent jour après jour : les sacs de plastique ont une utilité dans la vie des consommateurs, ils répondent à des besoins et devront fort probablement être remplacés par d’autres sacs.

Soucieux de leur empreinte environnementale, les détaillants en alimentation sont nombreux à avoir mis en place différentes mesures afin de diminuer le nombre de sacs de plastique mis en marché (tarification, vente de sacs réutilisables, privilégier les sacs recyclés et recyclables, etc.) Malgré tout, dans les supermarchés, il y a toujours 20 à 25 % des clients qui en réclament. Les bannir créera donc un vide que les consommateurs devront combler autrement. Alors que certains vont se résigner à payer plus cher pour se procurer des sacs en vente sur les tablettes, d’autres vont utiliser des sacs comportant plus de plastique distribués gratuitement.

En terminant, nous apprécions que la Commission recommande le bannissement des sacs oxo-dégradables, oxo-fragmentables, oxo-biodégradables et biodégradables. Contrairement à la croyance populaire, il ne s’agit pas d’alternatives écologiques au traditionnel sac de plastique. Malheureusement, de nombreuses vertus alléguées ne sont pas véridiques et cela génère beaucoup d’incompréhension. Plusieurs détaillants et consommateurs se font prendre au jeu du green washing et clairement les politiciens ont trouvé ici un filon.

Pour consulter notre mémoire sur le sujet, cliquez ici.

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