Guerre en Ukraine: Vers une crise alimentaire?
Mai 2022
Après des semaines d’incertitudes, la Russie a envahi l’Ukraine le 24 février dernier. Cette attaque militaire par la Fédération russe est considérée comme la plus importante qu’ait connue l’Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Alors que le conflit est souvent analysé dans une perspective politique et économique, qu’en est-il au niveau agroalimentaire ? Voici quelques données de l’impact qu’a la guerre dans ce domaine :
50 % | 30 % | 20 % | 400M |
À eux deux, l’Ukraine et la Russie produisent la moitié de l’huile de tournesol de la planète, soit plus de 8 millions de tonnes. | Le pourcentage de la production mondiale de blé exporté par les deux pays en guerre. | L’exportation de maïs mondialement par les Ukrainiens et les Russes. | Cela représente le nombre de personnes nourries annuellement par les productions agricoles ukrainiennes. |
Impact immédiat
Dans un rapport publié le 25 mars 2022, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a mis de l’avant l’importance de l’Ukraine et de la Russie dans le marché agroalimentaire mondial et les effets du conflit sur celui-ci. Comme il est possible de le constater ci-haut, ces deux pays représentent une partie importante du marché mondial du blé et du maïs. L’impact de la guerre sur l’exportation agroalimentaire de ces produits se fera d’abord sentir dans les pays en voie de développement, principalement en Afrique et au Moyen-Orient. Ceux-ci étaient déjà dans une situation précaire avant le déclenchement de la guerre en devant faire face la hausse des prix des denrées alimentaires internationales.
Importation de blé de l’Ukraine et|ou de la Russie
Érythrée: 100 % | Somalie: 90 % | Turquie: 80 % |
Liban: 70 % | Libye: 60 % | Congo: 60 % |
Yémen: 40 % | Tunisie: 40 % | Israël: 40 % |
Conséquence de la guerre sur plusieurs années
Bien que 2022 s’annonçait comme une année prospère pour l’agriculture ukrainienne, la guerre déclenchée par Moscou change complètement la donne. Selon la FAO, les plantations de différentes céréales hivernales ne seront pas disponibles à l’exportation. Plus de 50 % du blé et 60 % du maïs produits par l’Ukraine se trouvent dans les régions de l’est du pays, présentement pris d’assaut par l’armée russe.
Notons que plus la guerre va perdurer dans le temps, plus l’impact sur l’agriculture se fera sentir dans les années à venir. En plus de la destruction de l’équipement agricole et des champs, les productions seront affectées par l’incapacité des agriculteurs d’accéder et d’entretenir les récoltes. Cette situation mettra une pression sur le marché international du blé, du maïs et le d’huile de tournesol dès cette année et se fera sentir en 2023, alors que les autres pays producteurs devront combler l’absence de la production de l’Ukraine. Pour les consommateurs, cela implique une hausse des coûts du panier d’épicerie, déjà fortement affecté par l’inflation.
Au-delà des récoltes, le pays devra également reconstruire son réseau d’exportation une fois la guerre terminée. D’importants ports, dont celui d’Odessa et de Marioupol, ont été détruits ou fortement endommagés par les combats.
Qu’en est-il au Québec et au Canada?
Bien que la situation soit inquiétante, le Canada est bien positionné afin d’échapper à la pénurie de grains. Étant le sixième exportateur de blé au monde, le pays ne manquera pas de ressources. Après deux années de pandémie et de manque de main-d’œuvre, cette nouvelle guerre ajoute une pression supplémentaire sur toute la chaîne de production alimentaire, déjà affaiblie. Selon plusieurs experts, il faut s’attendre, inévitablement, à ce que le coût du panier d’épicerie augmente.