Le consommateur a assez donné à la consigne publique

Mai 2015

En réponse à la lettre publiée par l’ABQ et l’AMBQ – La Presse 1er mai 2015

Un système détourné
Le consommateur a assez donné à la consigne publique

Ça prend du culot pour émettre une lettre ouverte affirmant que la consigne ne coûte rien. Uniquement pour la consigne publique, en 2014, les consommateurs ont payé 31,5M$. Cette importante somme, c’est la différence entre les contenants que vous avez mis en marché et ceux qui n’ont pas été retournés. Cet argent sert à financer le système de collecte, la promotion et la gestion du système de consigne, mais il dégage aussi des profits.

En vertu de l’entente sur la consigne, vos bières d’importation embouteillées outremer entrent sur le marché québécois sans aucun frais environnemental et sont gérées aux frais des consommateurs québécois. Utilisateur payeur vous disiez?

Vous ne dites pas un mot sur la performance de la consigne publique en vigueur sur toutes les bières et boissons gazeuses dans des bouteilles et canettes à usage unique (CRU), préférant plutôt citer la performance des bouteilles brunes réutilisables sous consigne privée. Malgré nos demandes répétées, en tant que partenaires indispensables à vos performances, jamais vous n’avez accepté de partager avec nous les données qui vous permettent d’affirmer de pareils taux de retour. Encore une fois, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi vous préférez mettre de l’avant le taux autoproclamé de 97% plutôt que la moyenne des taux de la consigne publique qui atteint plutôt 70,7% selon les derniers chiffres de Recyc-Québec.

Chaque année, près de 100 millions de CRU consignés additionnels sont mis en marché au Québec, tandis que les contenants réutilisables sont en régression. Vous êtes bien au fait de la situation, vous la provoquez vous-même par vos politiques commerciales. Les bières importées et surtout les différents assortiments de canettes sont en pleine effervescence.

Vous souhaitez le maintien de deux systèmes parallèles de collecte des contenants, nous croyons plutôt que le consommateur a assez donné à la consigne publique. Qu’il est mûr pour finalement et simplement pouvoir déposer ses canettes et bouteilles de plastique dans son bac de recyclage. Néanmoins, nous réitérons notre engagement à continuer de reprendre vos contenants à remplissage multiple, peu importe ce qu’il adviendra dans ce débat interminable.

En terminant, vous devrez m’expliquer où vous voyez un avantage d’efficacité dans la consigne par rapport à la collecte sélective. Toute bonification à la consigne actuelle passe par davantage d’efforts du consommateur à rapporter ses contenants, puis davantage de tri, de manutention et d’entreposage chez les 8 000 détaillants alimentaires ou les hypothétiques centres de dépôts. Pour bonifier la collecte sélective, il n’est question que de seulement 36 centres de tri à optimiser.

Nous vous enjoignons à plus de franchise et de transparence. Vous avez le droit de privilégier le système de consigne, mais vous devez donner l’heure juste sur ses coûts importants tant pour les détaillants que pour les consommateurs.

Florent Gravel
Président-directeur général
Association des détaillants en alimentation du Québec

Opinion émise dans La Presse le 2 mai 2015 et le Journal de Montréal le 5 mai 2015.

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