Évolution du modèle d’affaires de la SAQ : conclusions du rapport de pwc

Octobre 2018

À la fin du mois de mai, le gouverne­ment de Philippe Couillard a com­mandé à la firme indépendante PwC une étude sur l’évolution du modèle d’affaires de la Société des alcools du Québec (SAQ). Les consultants avaient sept semaines pour produire un rapport complet en deux volets, le premier portant sur l’étalonnage de la performance de la société d’État et le second sur l’élaboration et l’analyse de plusieurs scénarios.

Dans la première partie du rapport, PwC fait un survol de la vente d’alcool en Suède, en Norvège et en France, pays retenus pour leur proximité en matière de social-démocratie dans le cas des pays scandinaves, et la France pour sa proximité culturelle. Les auteurs se sont ensuite penchés sur la mise en marché de l’alcool dans l’ensemble du Canada, puisque les modèles de commercialisation retenus diffèrent grandement d’une province à l’autre. Les auteurs mentionnent toutefois que le degré de privatisation du marché est plus élevé au Québec que dans les autres provinces canadiennes, exception faite de l’Ontario. De plus, c’est au Québec que les recettes gouvernementales sur le panier de boissons alcoolisées sont les plus basses.

Enfin, il ressort de l’exercice d’étalonnage que la SAQ se compare avantageusement à ses homologues à l’égard de la performance financière globale et de l’activité de vente au détail. Elle se situe dans la moyenne en ce qui a trait aux frais généraux et sous-performe aux chapitres de la logistique et de la distribution.

Dans la deuxième partie du rapport, les mandataires de l’étude ont étudié plusieurs scénarios, en se basant sur l’analyse multicritère. Parmi les trois scénarios retenus :

  • Scénario 1 :  Privatisation partielle ­ ventes des activités du commerce de détail et de la distribution.
  • Scénario 2 : Essaimage d’une partie de la SAQ et entrée d’un ou plusieurs concurrents.
  • Scénario 3 : Ouverture des lignes de produits exclusives à la SAQ à des détaillants autorisés.

Selon les auteurs de l’étude, les scénarios offrent des résultats fort variables et inégaux selon les critères recherchés. Ils affirment que la prise en charge par le secteur privé ne garantira pas une diminution des prix pour les consommateurs, comme le montre le précédent albertain. Ils l’expliquent par le fait que la performance financière de la SAQ est enviable par rapport aux autres institutions canadiennes. De plus, ils n’anticipent pas de rende­ments excédentaires significativement différents de la moyenne de l’industrie. Ils rappellent que le facteur influençant le prix est avant tout le niveau de recettes (dividendes et taxation) exigé par le gouvernement, ce qui toucherait tous les acteurs, publics et privés. Dans le cadre du scénario de la vente au privé, les analystes n’anticipent pas de gros rendement sur les actifs puisque le territoire complet devra être desservi (y compris les points de vente moins rentables), et les conventions collectives respectées. Dans le scénario 3, ils admettent toutefois que l’accès au réseau, et donc le potentiel de croissance, est très élevé puisque les magasins d’alimentation ont des heures d’ouverture plus étendues que celles des succursales de la SAQ. Ils concèdent également que l’apparition d’une concurrence dans le marché de l’alcool serait un facteur de satisfaction important pour bon nombre de consommateurs québécois.

En conclusion, PwC se montre extrêmement prudente sur le ou les scénarios à privilégier. Les auteurs de l’étude estiment qu’à ce stade-ci, l’étude est trop incomplète pour fournir un portrait étoffé et précis des différentes solutions qui s’offrent au gouvernement. Ils recommandent chaudement la poursuite de la ré­flexion sur un certain nombre de critères et d’impacts à évaluer en profondeur avant d’envisager un mandat gouvernemental.

L’ADA suit ce dossier de près et compte bien aller à la rencontre des nouveaux députés et représentants du gouvernement sur ce dossier sensible.

 

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