L’ADA sceptique du bannissement proposé à Montréal

Décembre 2015

L’ADA accueille avec scepticisme les recommandations de la Commission sur l’eau, l’environnement, le développement durable et les grands parcs de Montréal portant sur les sacs d’emplettes à usage unique. Nous déplorons notamment que la Commission recommande le bannissement de tous les sacs de plastique dont l’épaisseur est inférieure à 50 microns. Contrairement à l’objectif recherché, les Montréalais risquent à terme de générer davantage de plastique résiduel.

Comme les élus nous souhaitons diminuer l’impact des sacs uni-services. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’une large majorité de détaillants en alimentation mettent en place différentes mesures comme la mise en marché et la promotion de l’utilisation de sacs réutilisables, privilégier des sacs au contenu recyclé et recyclable, l’optimisation des sacs uni-services (résistance vs épaisseur), la tarification des sacs uni-services (5¢), etc. Malgré ces mesures, l’objectif d’utilisation zéro des sacs uni-services est utopique. Même chez les détaillants plus engagés, comme un supermarché que nous montrions en exemple dans notre mémoire et lors des consultations, il y a toujours 20 à 25 % de ses clients qui réclament des sacs pour les utiliser selon leurs besoins. « Avec la proposition de la ville de Montréal, pour offrir un bon service aux clients et se conformer à la réglementation on devra leur offrir des sacs deux à trois fois plus épais que ceux actuellement utilisés. Même si on arrive à en mettre la moitié moins en circulation, nous avons de la difficulté à saisir où cela permettra de la réduction à la source » a souligné Pierre-Alexandre Blouin, vice-président, Affaires publiques de l’ADA.

Le bannissement n’est pas la solution et risque de causer bien des maux de tête aux consommateurs. Comme nous l’avons démontré lors des consultations, les détaillants ont besoin d’outils pour bien servir leurs clients, particulièrement dans les plus petits commerces où les consommateurs planifient moins leurs achats et où ils n’ont donc pas le réflexe d’amener un sac réutilisable. Tout ce processus est plein de bonne volonté, mais on n’a même pas analysé ce que les consommateurs montréalais font de leurs sacs. Utiliser des sacs de 50 microns pour mettre ses déchets de tables n’est pas une grande avancée. À l’heure actuelle, le manque d’alternatives aux sacs uni-services répondant aux exigences des clients (faible coût, résistant, léger, recyclable, etc.) rend difficilement envisageable la mesure phare de la Commission.

Néanmoins, nous nous réjouissons que la Commission recommande le bannissement des sacs oxo-dégradables, oxo-fragmentables, oxo-biodégradables et biodégradables. Contrairement à la croyance populaire, il ne s’agit pas d’alternatives écologiques au sac uni-service. « Qu’il s’agisse de sac réutilisable ou uni-service, malheureusement de nombreuses vertus alléguées ne sont pas véridiques. Cela génère beaucoup d’incompréhension, plusieurs détaillants et consommateurs se font prendre au jeu du green washing », ajoute M. Blouin. Nous tenons à souligner le fait que la Commission demande à la Ville d’intervenir auprès du gouvernement du Québec pour favoriser le développement de norme de fabrication et la mise en place d’un programme de certification destiné à assurer la recyclabilité des différents types de sacs mis en marché notamment ceux réutilisables. Encadrer la composition des meilleures alternatives environnementales disponibles pour les consommateurs aurait, selon nous, dû se faire dans un premier temps. En bannissant d’emblée la majorité des produits mis en marché on s’y prend complètement à l’envers.

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